Saad Lamjarred, star marocaine de la pop, jugé à Paris pour viol aggravé avec violence

La star de 37 ans n’en menait pas large, lundi 20 février, sur le banc des accusés. Barbe finement taillée, cheveux sagement coiffés, pull et pantalon noir, chemise blanche, le chanteur populaire marocain Saad Lamjarred était habillé comme un écolier au premier jour de son procès devant la cour d’assises de Paris pour viol aggravé – par la consommation d’alcool et de stupéfiants – et violences sur une jeune femme, Laura P., en octobre 2016.

Sourire crispé accroché aux lèvres, il a, comme tout au long de l’instruction, nié les faits après la lecture de l’ordonnance de renvoi par la présidente de la cour, Frédérique Aline. « J’ai attendu ce moment pendant presque sept ans, pour dire tout ce que vous voulez entendre sur cette affaire qui nous a fait beaucoup de mal à moi et à mes proches », a-t-il dit, en réponse à la magistrate qui lui demandait s’il contestait toujours les faits.

Si cette affaire a mis près de sept ans à parvenir devant un tribunal, c’est qu’elle a déjà été âprement disputée. La première ordonnance de renvoi de 2019 avait requalifié les faits en atteintes sexuelles aggravées, passibles du tribunal correctionnel. Saisie par la partie civile, la chambre de l’instruction avait infirmé ce renvoi en janvier 2020, ordonnant un procès aux assises pour viol avec violences. Puis l’affaire allait en cassation en avril 2020, où la chambre criminelle renvoyait à nouveau devant la cour d’appel qui maintenait le renvoi pour viol aggravé en mars 2021. Un nouveau pourvoi était introduit devant la Cour de cassation, mais celle-ci le déclarait non admissible, ouvrant la voie à un procès aux assises. La différence est de taille car, pour ce chef d’accusation, Saad Lamjarred risque vingt années de prison, ainsi que cinq années pour les violences ayant accompagné le viol présumé.

Lire le portrait (2019) : Article réservé à nos abonnés Saad Lamjarred, l’étoile ternie de la pop marocaine

L’enjeu de ce procès est à la mesure de l’audience de Saad Lamjarred, dont les clips font des millions de vues dans le monde arabe. Sa popularité est telle que le roi du Maroc lui avait alloué un temps son avocat, Eric Dupond-Moretti, devenu entretemps ministre de la justice.
Sous contrôle judiciaire après sept mois de prison et six mois d’assignation à résidence sous bracelet électronique, Saad Lamjarred, 37 ans, comparaît libre. A quelques mètres de lui, sa victime présumée, Laura P., aujourd’hui âgée de 27 ans, pleure à plusieurs reprises pendant cette première journée éprouvante.

Versions radicalement divergentes

La star marocaine de la chanson et la jeune Iséroise montée à Paris pour chercher du travail se sont croisées dans la nuit du 25 au 26 octobre 2016, dans un club du quartier des Champs-Elysées. Lui est là pour un concert qu’il doit donner trois jours plus tard au Palais des congrès. Ils ne se connaissent pas mais sympathisent et se plaisent. Lamjarred et ses amis proposent de poursuivre la nuit ailleurs, elle les accompagne. Ils atterrissent dans la chambre d’un couple, à l’hôtel Intercontinental.

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