PME : un accord de pur affichage
Un accord sur le partage de la valeur « historique pour tous les salariés des PME ». Bruno Le Maire n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour qualifier le texte auquel ont abouti syndicats et patronat, après des mois de négociation tendue, le 10 février. Alors qu’une convention du parti Renaissance devait formuler, ce lundi, des propositions afin de traduire son contenu dans la loi, le ministre a assuré au micro de BFMTV/RMC : « Nous respecterons cet accord qui est un bon accord », répondant ainsi aux inquiétudes de Geoffroy Roux de Bézieux, le patron du Medef, qui, quelques jours plus tôt, avait appelé à ne pas le vider de sa substance. Comme l’explicite Bruno Le Maire, il s’agit ici « de rendre obligatoire, pour toute PME qui a fait des profits importants au cours des trois dernières années, soit un accord d’intéressement, soit un accord de participation, soit le versement d’une prime défiscalisée », rappelant au passage que 80 % des salariés des grands groupes sont couverts par un accord de participation ou d’intéressement aux résultats de l’entreprise, contre seulement 20 % de ceux des petites et moyennes entreprises. Mais, en pleine spirale inflationniste des prix, cette promesse de campagne d’Emmanuel Macron a tout de l’affichage. Nouvelle mesure en faveur du pouvoir d’achat, ce coup de pouce reste à mille lieues d’une hausse générale des salaires pourtant exigée par la plupart des organisations syndicales.
Pour donner l’illusion d’une meilleure répartition des richesses, fin novembre, Renaissance avait aussi prôné un dispositif de « dividende salarié » obligatoire pour toutes les entreprises ainsi qu’une « superparticipation » pour les entreprises d’au moins 50 salariés réalisant des « superdividendes ». Si l’accord sur le partage de la valeur est ouvert à signature jusqu’au 22 février, pour l’instant, seules la CFDT et la CFTC l’ont paraphé, ce qui suffit à le valider.