Le Smart Port Challenge teste les pouvoirs cachés des solutions numériques
Le « Smart Port Challenge » n’est pas un concours en petit comité. Derrière ses défis d’innovation, la vie de nombre d’entreprises pourrait s’en trouver profondément transformée. La 4e édition de ce concours n’y déroge pas, comme en ont témoigné le 9 février, au sein du Palais de la Bourse à Marseille, les initiateurs de ces défis et les entrepreneurs sélectionnés pour leurs idées de solutions.
S’il réussit ce que lui demande Air Liquide, FillnDrive permettra aux détenteurs de camions à l’hydrogène d’identifier en temps réel les stations approvisionnées les plus proches, d’évaluer la quantité à remplir pour effectuer un trajet, de planifier son moment de passage ou de s’identifier. Sélectionnée par CMA CGM, Atoptima pourra, elle, modéliser les organisations des tournées de véhicules zéro émission en combinant une multitude de données pouvant aller jusqu’à synchroniser le temps de recharge avec la pause du chauffeur !
Smart Port Challenge rime avec intelligence artificielle
L’intelligence artificielle s’impose clairement comme un accélérateur de mutations, quand on entend Neuronalys se déclarer apte à analyser en temps réel des images pour identifier les risques les plus critiques pour les salariés des hauts-fourneaux d’ArcelorMittal Méditerranée afin d’accroître la prévention et la sécurité, ou Kipsum et son dispositif de gains de consommation énergétique dont il va explorer de nouvelles potentialités avec Bouygues Energies & Services, et Etap, spécialiste de l’analyse des réseaux électriques. Quant à Keeex qui s’est déjà fait une réputation à Marseille pour son usage de la technologie « blockchain », elle promet à Servaux d’authentifier numériquement l’intégrité et la traçabilité de tous les documents réglementaires des navires afin de le débarrasser d’une innombrable paperasse génératrice d’erreurs ou de pertes.
D’autres lauréats s’attacheront, pour leur part, à œuvrer pour la ville ou l’environnement. A l’image de Synchronicity déterminé à trouver les techniques appropriées pour faire des déchets collectés sur les bassins marseillais du Port des ressources pour la communauté portuaire ou d’autres acteurs, dans une démarche d’économie circulaire. Ou A La Fraîche, qui va utiliser une partie des toitures du centre commercial « Les Terrasses du port » pour y déployer une activité agricole, et Platypus Craft dont l’engin innovant semi-submersible aidera, avec l’appui de RWE, à comprendre et protéger les milieux sous-marins, à travers des activités touristiques éducatives… Depuis sa création, le Smart Port Challenge a réuni 24 porteurs de défi et embarqué 31 lauréats.
Se projeter vers la ville et le port de demain
Organisée par la CCI Aix-Marseille Provence (CCIAMP), le Port de Marseille-Fos et Aix-Marseille Université, avec l’appui de la Ville de Marseille et de la Métropole Aix-Marseille Provence, l’opération se poursuivra après l’annonce de ces lauréats. Jusqu’à fin juin, « porteurs de défi » et entreprises sélectionnées vont coopérer en binôme sur l’approfondissement de la solution, sa faisabilité, son expérimentation… Le Laboratoire d’intelligence collective et artificielle (Lica) stimulera leurs échanges.
« Cette période de co-innovation n’est pas une fin en soi, elle contribue à la mise en réseau et à la visibilité des lauréats », insiste Marie-Laure Guidi, élue de la CCIAMP.
Adjoint au maire de Marseille, Laurent Lhardit espère que les démarches engagées viendront progressivement servir l’ambition de décarbonation de la Ville et des relations plus apaisées avec le Port. Un souhait qu’Hervé Graulier, préfigurateur de la direction Innovation, transitions, enseignement et recherche de la Métropole Aix-Marseille Provence, exprime pour voir émerger un territoire « plus fluide et plus vert ». Directeur de la Cité de l’innovation et des savoirs d’Aix-Marseille Université (Cisam), Charlie Barla y voit un intérêt présent et futur : aujourd’hui, en utilisant les compétences et outils de l’université pour éclairer tel ou tel aspect technique d’un projet, et à l’avenir, pour que les entreprises qui les auront menés à bien ou permis à d’autres d’accroître leur compétitivité, recrutent les étudiants actuellement sur les bancs des facultés ou dans les laboratoires…