Dans le Finistère, le siège d’un journal local évacué après une alerte à la bombe
Le siège de l’hebdomadaire local Le Poher, à Carhaix (Finistère), a été évacué lundi 20 février au matin à la suite d’une alerte à la bombe, ont rapporté le journal et la préfecture, alors que se dessine le projet d’accueillir des réfugiés dans une commune des Côtes-d’Armor, rejeté par l’extrême droite.
« Je pense qu’on est dans une campagne d’intimidation, dans la volonté de terroriser, de faire peur. C’est très désagréable », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Erwan Chartier, rédacteur en chef du Poher, qui a déjà déposé plainte pour des menaces de mort en janvier et février. Des salariés avaient alors été menacés de recevoir « une balle dans la tête ».
Lundi, le journal a reçu un appel vers 9 heures avec de nouvelles menaces de mort. Selon M. Chartier, l’interlocuteur a notamment déclaré :
« Les pourritures du Poher, vous allez tous crever. On a mis une bombe dans la rédaction, vous allez tous sauter. »
« On a évacué les six membres de la rédaction et on a attendu les services de déminage mais le chien n’a rien trouvé », a expliqué le rédacteur en chef. De nouvelles plaintes ont été déposées pour menaces de mort et menaces de destruction dangereuses pour les personnes, a-t-il précisé.
« Les forces de gendarmerie restent en alerte »
Ces menaces font suite, selon l’hebdomadaire, à des articles traitant d’un projet d’accueil de réfugiés à Callac, une commune de 2 200 habitants au nord de Carhaix. Le projet a finalement été abandonné après plusieurs manifestations de l’extrême droite, soutenues par Reconquête !, le parti d’Eric Zemmour.
Dans un communiqué, le préfet du Finistère Philippe Mahé a dit condamner « fermement ces menaces » et apporter « tout son soutien » à l’équipe du Poher ainsi qu’à France 3 Bretagne. Visée par des menaces après s’être fait l’écho de celles reçues par ses confrères du Poher, une journaliste de France 3 a porté plainte jeudi dernier « pour injures publiques, menaces et propos sexistes ». France Télévisions a également déposé plainte.
« Les forces de gendarmerie restent en alerte afin de protéger les journalistes ayant fait l’objet de ces menaces successives », a ajouté la préfecture. Contacté par l’AFP, le procureur de Brest n’a pas fait de commentaires dans l’immédiat.