Robert Hébras, le dernier témoin du massacre d’Oradour-sur-Glane est mort

Robert Hébras, dernier témoin du massacre d’Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) est mort ce samedi matin à 6h15 à l’âge de 97 ans, ainsi que l’a annoncé sa famille. Le 10 juin 1944, 643 hommes, femmes et enfants ont été massacrés par la division SS Das Reich. Alors seulement âgé de 19 ans (il était né le 29 juin 1925), il comptera parmi les six habitants qui échapperont aux bourreaux nazis dans le village martyr.

Il se trouvait, en ce samedi 10 juin 1944, au centre du bourg avec un ami, quand, vers 14 heures, apparurent les premiers SS. Robert obéit aux ordres des soldats qui demandent aux gens de se rassembler au champ de foire. Les SS commencent à séparer les hommes des femmes et des enfants. Ils sont emmenés par groupes dans plusieurs granges. Celui de Robert compte une soixantaine de personnes. Quand ils pénètrent dans la grange, des tireurs ont installé deux mitrailleuses. À un signal, tout bascule dans l’horreur. Les rafales crépitent, tous les hommes tombent les uns sur les autres. Dans l’Humanité du 8 juillet 1994, il raconte : « Au milieu des gémissements, les soldats marchèrent sur nos corps pour distribuer les coups de grâce ». Le jeune homme n’est que blessé. Des corps le recouvrent et le protègent. Cent quatre-vingt-dix hommes viennent d’être abattus, Robert Hébras fait partie des six miraculés – dont il était désormais le dernier survivant. Les soldats nazis n’ont pas seulement mitraillé les hommes, mais ils ont aussi brûlé vifs toutes les femmes et les enfants après les avoir enfermés dans l’église. 643 personnes seront massacrées et le village incendié. Oradour est devenu un village martyr et un mémorial à ciel ouvert.

Robert Hébras était devenu le dernier survivant et témoin de cette barbarie, participant aux cérémonies du souvenir, transmettant la mémoire aux scolaires et au public. Devenu garagiste, il vivait à Saint-Junien, non loin d’Oradour, et multipliait les visites du village à qui voulait partager cette terrible histoire de la Seconde Guerre mondiale. Il avait dû subir une autre épreuve. En effet, il avait été condamné pour avoir émis des doutes sur l’enrôlement de force des « Malgré-nous » alsaciens dans les Waffen-SS. La Cour de cassation l’avait heureusement blanchi le 16 octobre 2013.

Le 25 janvier 2022, à Oradour, le président de la République Emmanuel Macron lui a remis les insignes de commandeur de l’ordre national du mérite. Cette même année, il a encore publié un livre Le dernier témoin sur Oradour-sur-Glane. Pour que les générations futures n’oublient pas (éditions Harper Collins) pour transmettre cette mémoire, aidé en cela par sa petite-fille Agathe. Nous n’oublierons pas. L’Humanité présente ses condoléances à sa famille et à ses proches.

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