Réforme des retraites : 500.000 manifestants à Paris ce samedi selon la CGT
Une nouvelle journée de mobilisation en France contre le projet de réforme de retraites du gouvernement a commencé ce samedi avec des cortèges dans plusieurs villes, notamment à Paris, alors que les organisations syndicales menacent d’un durcissement du mouvement si le texte, en cours d’examen à l’Assemblée nationale, n’est pas abandonné. Selon la CGT, 500.000 personnes ont manifesté ce samedi à Paris.
Le cortège parisien s’est élancé vers 13h30 de la place de la République en direction place de la Nation avec des banderoles et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire “Macron tu nous mets 64, nous on te Mai 68”, “Borne to die, 60 ans ou rien”, ou encore “Vous n’irez jamais au bout des 64 ans, rassurez-vous!”.
Ces slogans font référence au report de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans qui cristallise la colère des manifestants.
“Cette réforme ne doit pas passer. Emmanuel Macron le sait très bien, mais il fait comme si tout le monde avait voté pour son programme, mais non!”, s’est insurgée Aurélie, 40 ans, actuellement étudiante et ancienne salariée dans le secteur de l’ameublement.
Selon elle, “la démocratie c’est aussi gouverner pour le peuple. Et donc là, le peuple dit ‘non'”.
“Si on n’est pas capable d’entendre ce qui se passe dans la rue, de prendre en compte ce qui se passe avec la population, il ne faudra pas s’étonner qu’il y ait du débordement au bout d’un moment”, a prévenu pour sa part Delphine Maisonneuve, une infirmière âgée de 43 ans.
Ailleurs dans le cortège, Kamel Amriou, 65 ans, graphiste retraité, a jugé pour sa part importante sa présence ce samedi car, dit-il, on doit “veiller à ce que notre société soit dans la solidarité, que ce soit une société où les gens sont très proches les uns des autres, veiller non seulement sur nos aînés mais aussi nos enfants”.
Outre les affiches comme “Augmentez les salaires, pas l’âge de la retraite”, “Macron tu bats en retraite, ta réforme on n’en veut pas” ou encore “Je ne suis pas une esclave”, certains manifestants chantaient “L’argent pour les salaires, l’argent pour les retraites, pas pour les actionnaires, pas pour faire la guerre”.
On pouvait aussi apercevoir un cercueil sur lequel était mentionné “Nouvelle caisse de retraite d’un jeune retraité sapeur-pompier, merci Manu”.
“METTRE LA FRANCE À L’ARRÊT”
Les premières estimations concernant le nombre de manifestants à Paris font état d’une hausse d’environ 20% par rapport à la mobilisation de mardi, selon les chiffres du Figaro.
La CGT, de son côté, a annoncé à l’AFP que 500.000 personnes ont manifesté ce samedi à Paris. Le chiffre des autorités n’est pas encore connu. Celui donné ce samedi par la CGT est équivalent au nombre de manifestants donné par les syndicats le 31 janvier, au-dessus des deux autres mobilisations (le 19 janvier et ce mardi).
Quelques tensions ont émaillé la manifestation à Paris, rapporte le Parisien. Des “éléments radicaux” ont “tenté de commettre des dégradations” rue de Charonne, où ils se sont déplacés en cortège, hors de l’itinéraire initial, selon la Préfecture de police. Les forces de l’ordre sont intervenues. Toujours selon Le Parisien, 4 personnes ont été interpellées.
Dans un communiqué commun publié samedi, l’intersyndicale s’est dite prête à “durcir le mouvement (…) si le gouvernement et les parlementaires restaient sourds à la contestation populaire”. Les organisations syndicales menacent ainsi de “mettre la France à l’arrêt dans tous les secteurs le 7 mars”, est-il écrit dans leur communiqué. Une nouvelle journée d’action est déjà programmée pour le jeudi 16 février, à la veille de la fin de l’examen du projet de loi à l’Assemblée nationale.
Avant la journée de mobilisation de samedi, l’intersyndicale avait invité à manifester “encore plus massivement” pour ce week-end qui doit permettre aux salariés qui n’ont pas la possibilité de se mobiliser en semaine de se joindre plus facilement au mouvement.
“J’attends beaucoup de monde, il faut que l’on soit très, très nombreux”, a plaidé vendredi le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger sur Franceinfo, précisant que plus de 250 rassemblements étaient prévus dans toute la France.
Devant la presse à Bruxelles, lors d’une rare prise de parole sur ce sujet crucial pour son second quinquennat, Emmanuel Macron a appelé les mécontents à conserver leur “esprit de responsabilité” afin que “les désaccords puissent s’exprimer, mais dans le calme, le respect des biens et des personnes, et avec une volonté de ne pas bloquer la vie du reste du pays”.
Contrairement aux journées de mobilisation précédentes – 19 janvier, 31 janvier et 7 février -, les syndicats privilégient les manifestations plutôt que la grève qui pourrait pénaliser les Français en vacances d’hiver. Les représentants de la SNCF n’ont, ainsi, pas appelé à cesser le travail.
Le trafic aérien était cependant perturbé samedi à la mi-journée à l’aéroport d’Orly (Val-de-Marne) en raison d’un mouvement de grève surprise des contrôleurs.
Du côté du gouvernement, on se défend de faire la sourde oreille tout en insistant sur la nécessité de faire une réforme qui demande “des efforts” selon les termes martelés par la Première ministre, Elisabeth Borne.
“Nous ne sommes pas sourds (…) Nous avons été capables d’évoluer”, a dit le porte-parole de l’exécutif Olivier Véran vendredi sur BFMTV.
Les principales modifications du projet ont été décidées pour tenter de rallier les députés Les Républicains (LR), alors que le camp présidentiel n’a pas la majorité absolue à l’Assemblée. Les troupes LR sont divisées sur l’attitude à adopter même si une majorité des 62 députés sont prêts à voter le texte, selon leur président de groupe Alain Marleix.
Le Sénat, majoritairement à droite, est favorable à une réforme des retraites réclamée de longue date par la famille politique actuellement dirigée par Eric Ciotti, qui fait face à la grogne d’une partie de ses troupes, notamment représentée par l’élu du Lot Aurélien Pradié.
L’une des inconnues est le temps que prendra l’examen du texte au Palais-Bourbon, où plus de 20.000 amendements ont été déposés, dont 18.000 par la coalition de gauche Nupes qui a la possibilité d’en retirer une partie pour accélérer les débats.
L’article 1 relatif à la disparition d’une partie des régimes spéciaux de retraite a été adopté vendredi.