C’est l’un de ces trafics qui empoisonne la vie des habitants. En 2019, des riverains du 62-64 boulevard Pasteur à Nice finissent par alerter la police, excédés qu’ils étaient de constater les allées et venues de dealers et de consommateurs au pied de leurs immeubles.
Ce vendredi, devant le tribunal correctionnel, trois hommes et une femme comparaissaient. Cette année-là, l’enquête avait permis de retrouver 33 kilos de cannabis au domicile d’une nourrice présumée.
Une “nourrice”, c’est une personne acceptant de cacher les stupéfiants chez elle contre rétribution ou parfois chantage. Les dealers se mettent ainsi à l’abri d’une éventuelle perquisition chez eux.
Les policiers avaient mis en place un système de surveillance. Et s’étaient appuyés sur de la vidéo protection. Quatre personnes avaient ainsi été interpellées.
Une enquête de guingois
Problème: rien n’a roulé droit dans la procédure. L’exploitation des vidéos a été rejetée par la justice. Elles provenaient d’un système de surveillance privé. Quant à la saisie de 33 kilos de cannabis, la justice a fini par la faire détruire, en même tant que tous les scellés.
Une procédure de guingois et un boulevard pour les avocats de la défense, Me Audrey Vazzana, Me Benjamin Taïeb, Me Pierre Chami (barreau de Nice) et Me Philippe Screve (barreau de Lyon).
“Je ne peux que relever l’indigence confondante de la procédure, a protesté Me Screve. Pas de preuves téléphoniques, rien dans les surveillances qui démontre qu’il y a eu transaction sur les stupéfiants, rien qui prouve que la marchandise saisie soit bien du cannabis.”
En investissant l’appartement, les policiers avaient été saisis au nez par la forte odeur de drogue. Mais la nourrice, W. B., 46 ans, affirme désormais n’en avoir rien su. “Je pensais que c’était de la contrefaçon.” Chez elle, et chez les autres prévenus, des sommes d’argent ont été retrouvées. Parfois jusqu’à 5000 euros. Tous ont une justification. Cadeau des enfants, baptême d’un fils. Un milieu où, visiblement, on ne fait pas trop confiance aux banques … Certains, comme la nourrice, se sont couchés en garde à vue et ont avoué le trafic. La quadragénaire a même réitéré ses aveux devant le juge d’instruction. Las, elle affirme aujourd’hui qu’elle n’en savait rien. À la barre, le mensonge plane sur le dossier, mais face à une accusation en culotte courte, difficile de prouver quoi que ce soit.
Pour le procureur, l’affaire ne fait pas de doutes. Il a requis jusqu’à cinq ans de prison avec mandat de dépôt à la barre pour deux des prévenus, S.N, 39 ans et J.V, 32 ans. Il a réclamé deux ans avec sursis probatoire pour W. B, la nourrice, et trois ans avec sursis probatoire pour A.I, 24 ans, considéré comme le revendeur.
L’affaire a été mise en délibéré au 17 février.