l’opposition s’unit contre le « démantèlement » à la grande colère du gouvernement et de la majorité
Il y a quelques mois, un tel scénario semblait peu envisageable. Mais les arrangements politiques et les circonstances donnent parfois lieu à des revirements improbables. Jeudi 9 février, les députés de l’opposition se sont unis contre la majorité présidentielle pour adopter, en première lecture, une proposition de loi visant à nationaliser l’électricien EDF mais sans risque de « démantèlement ».
Portée par le groupe socialiste, et plus particulièrement par le député de l’Eure Philippe Brun, cette proposition est passée sans encombre, avec 205 voix contre 1, à la faveur du départ des députés de la majorité. Remontés, ces derniers ont fini par quitter l’Hémicycle après avoir durement ferraillé contre l’un des articles, concernant l’extension du bouclier tarifaire, l’estimant non conforme à la Constitution.
Avec cette victoire, l’opposition espère ramener le débat sur cette nationalisation au Parlement. « Bercy n’aura plus les mains libres. L’avenir d’EDF sera désormais discuté devant l’Assemblée nationale », a détaillé l’écologiste d’Indre-et-Loire Charles Fournier. A contrario, le gouvernement a fait le choix de passer par la Bourse en vue d’acquérir les 100 % du capital du groupe dont il détient déjà près de 96 %.
« Cette proposition de loi est inutile »
Annoncée cet été par la première ministre Elisabeth Borne, cette OPA aurait sans doute été d’ores et déjà finalisée si les actionnaires minoritaires, mécontents du prix du rachat de l’action (12 euros), n’avaient engagé plusieurs recours contre elle. A ce stade, l’opération reste encore suspendue à une décision de la cour d’appel de Paris, qui ne devrait pas intervenir avant le mois de mai.
« Cette proposition de loi est inutile, elle arrive à contretemps », a tenté de faire valoir le ministre de l’industrie, Roland Lescure, craignant que l’adoption du texte ne fasse peser « un risque à l’écosystème énergétique ». Il a ainsi souligné l’inquiétude de RTE, le gestionnaire du réseau public de transport d’électricité, détenu à près de 50 % par la Caisse des dépôts et consignation et CNP Assurances, et qui, s’il était resté complètement dans le giron d’EDF, n’aurait sans doute pas pu réaliser ses scénarios en matière de transition énergétique de manière aussi crédible. « Ces dernières années, EDF est resté uni », a-t-il ajouté, précisant que le groupe avait cependant vendu certaines parties de son activité. A l’instar de Dalkia Wastenergy qu’elle a cédé à Paprec, un groupe spécialisé dans la gestion des déchets. « Si la proposition de loi était passée à ce moment-là, elle aurait fait peser le risque sur cette opération gagnante pour EDF », a-t-il précisé.
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