Cécile Bois pleure le décès de de Solen Roy-Pagenault, la créatrice de Candice Renoir

Mine de rien, elle a révolutionné le visage de la fiction française. Ou plus précisément, elle l’a féminisé. Pour de vrai. Solen Roy-Pagenault, la créatrice de la série Candice Renoir en 2012, est décédée à 52 ans ce mardi 7 février, à Paris, « entourée de ses filles et de son amoureux ». L’information a été donnée par ses proches, sur ses réseaux sociaux. « Les filles sages vont au paradis, les autres, partout » , poursuit l’annonce. Une citation qui lui va comme un gant.

Sétoise d’origine, Solen Roy-Pagenault a fait des études de droit privé, tournées vers le droit d’auteur. Elle a longtemps été« responsable juridique dans le secteur de l’animation », racontait-elle dans une interview, en 2016. Elle s’est lancée dans l’écriture, en travaillant comme scénariste sur des séries, de Julie Lescaut à Femmes de loi. En 2011, la productrice Caroline Lassa lui a proposé de prendre les rênes d’une série, alors intitulée Marianne Renoir : l’aventure était lancée. Candice, sa féminité exacerbée, ses quatre enfants, ses galères quotidiennes, et sa façon toute particulière et personnelle de résoudre ses enquêtes : « Elle a donné une place à la femme. Qui n’était pas celle des hommes, pas celle qui cherchait à les imiter. Mais une place originale. On existe », constate la comédienne Cécile Bois, meurtrie par cette disparition. Pour elle, Solen Roy-Pagenault a démontré que « les emmerdes familiales peuvent être photogéniques, se raconter et s’assumer totalement ». Elle explique que la scénariste, mère de trois enfants, s’amusait à distiller ses propres anecdotes familiales dans la série, et « faisait ainsi vivre les siens dans son art ».

Cécile Bois voit Solen Roy-Pagenault comme « un esprit libre et jamais policé par le système ». Elle décrit une « personnalité unique, très attachée à son enfance, qui vivait en elle ». Elle adorait « la télévision des années 1970, Joe Dassin et Georges Brassens. Ellee s’était créé une famille d’artistes qu’elle admirait, des cinéastes, des écritures, des acteurs ». Parmi eux, on compte aussi la réalisatrice Nina Companeez : « elle assumait complètement la nostalgie. Et disait que c’est grâce à ses films, et aux Dames de la Côte, qu’elle aimait le romanesque et les histoires d’amour ». Pour Cécile Bois, « elle avait une version d’elle, petite fille, très animée dans sa tête ». Têtue, n’aimant guère les compromis ni les concessions, elle« était intransigeante dès qu’elle aimait quelqu’un, et que ce quelqu’un entrait dans son cercle. Elle partageait beaucoup, et avait un humour corrosif qui lui permettait de se sortir de toutes les situations ».

Solen Roy-Pagenault était aussi une femme de convictions, engagée dans la cause des femmes. Dans son dernier film, Touchées, réalisé par Alexandre Lamy pour TF1, elle mettait en scène la reconstruction par l’escrime de trois femmes victimes de violences conjugales. Elle était aussi une lectrice régulière de l’Humanité.

Depuis Candice Renoir, les personnages féminins, sur le service public comme ailleurs se sont transformées. Les séries dont les héroïnes sont des femmes se sont multipliées, et elles n’ont plus grand-chose à voir avec les femmes parfaites qu’étaient Julie Lescaut ou« une femme d’honneur ». C’est plus qu’un changement de cap, c’est une révolution.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *