Régimes spéciaux : haro sur les premiers de corvée

Comme un symbole à abattre. Les députés ont entamé l’examen du projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale (PLFRSS) portant sur les retraites par l’article 1er, actant la suppression des régimes spéciaux de la Banque de France, des membres du Conseil économique, ­social et environnemental (Cese), de la RATP, de la branche industries électriques et gazières (IEG) et des clercs de notaire.

À compter du 1er septembre, les nouveaux entrants seraient affiliés au régime général. Ils devraient alors travailler jusqu’à 64 ans et cotiser 43 annuités pour jouir de leur retraite. Ceux qui bénéficient déjà de ces statuts verraient s’appliquer, malgré la clause dite du grand-père, le décalage progressif de deux ans de l’âge légal de départ et l’accélération de la réforme Touraine. L’exécutif a prévu de préciser les dispositions les concernant, par décret, pour le premier semestre 2023.

À noter que les régimes de l’Opéra de Paris, de la Comédie-Française et des ­marins-pêcheurs ne seront pas modifiés, de même que les régimes autonomes des avocats et professions libérales. Enfin, les militaires, pompiers, policiers ou infirmiers, qui bénéficient d’un droit à un départ anticipé compte tenu de leur « exposition aux risques », pourraient faire valoir leurs droits à la retraite à 54 ou 59 ans, contre 52 et 57 ans actuellement.

« Pour la plupart, les régimes spéciaux ne se justifient plus ! » assénait l’ancien socialiste Olivier Dussopt, lundi, lors de la présentation du PLFRSS dans l’Hémicycle. Le ministre du Travail nie de fait la bonne gestion des caisses de retraite de ces régimes et, le plus souvent, la pénibi­lité de ces professions, les renvoyant à l’usine à gaz du compte professionnel de prévention (C2P). « La prise en compte de la pénibilité ? Cela existe déjà, c’est notre régime spécial », rétorque Bertrand Hammache (CGT RATP). « Seuls 23 % des agents partent cinq ans avant l’âge légal, rappelle Sébastien Menesplier (CGT mines-­énergie), car ils ont une reconnaissance de la pénibilité qui varie suivant les métiers. »

D’ailleurs, dans les IEG, les agents cotisent environ 13 % de leur salaire, contre 10 % pour les salariés du privé. L’Humanité a décidé de mettre un visage sur ces professions décriées par les libéraux pour des avantages présentés comme indus. Les adversaires de ces régimes nient de fait qu’ils ont été arrachés par la lutte ou pour attirer des candidats dans ces professions, avant la création du régime général par répartition, en 1945, sous l’impulsion du ministre communiste Ambroise Croizat.

Les visages de ces professions que le gouvernement attaque 

Mobilisations après samedi, rendez-vous jeudi 16 février

Le calendrier de la suite de la mobilisation se précise. Jusqu’à présent, seule la journée du samedi 11 février était actée, mais l’intersyndicale vient d’annoncer une nouvelle date, le jeudi 16 février. Dès mardi, Philippe Martinez (CGT) avait appelé à des grèves « plus nombreuses et plus massives ». De son côté, Solidaires suggère le 8 mars comme première journée de grève reconductible, tout en précisant que « cette proposition doit s’articuler avec le calendrier de l’intersyndicale ». Face à l’entêtement de l’exécutif, Laurent Berger (CFDT) alerte sur « un risque » que le mouvement ne « dégénère ».

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