le président du CIO demande à l’Ukraine de renoncer à un boycott des Jeux olympiques
Vertement critiqué par les autorités ukrainiennes, depuis le 25 janvier, pour avoir ouvert la voie à un retour des athlètes russes et biélorusses dans le giron du sport mondial, Thomas Bach s’était montré plutôt taciturne. Le président du Comité international olympique (CIO) a pourtant peu goûté aux multiples saillies de Kiev – qui a notamment accusé l’instance d’être « un promoteur de la guerre ». Il l’a fait savoir dans un courrier adressé au patron du comité national olympique et ministre des sports ukrainien, Vadym Gutzeit. Quatre pages que l’agence de presse Reuters a pu consulter et dont elle s’est fait l’écho, jeudi 9 février.
Dans sa missive, l’Allemand commence par témoigner du « soutien unanime du mouvement olympique aux athlètes ukrainiens » et de « l’engagement inébranlable de solidarité avec la communauté olympique ukrainienne ». Depuis l’invasion du pays par les troupes du Kremlin, le 24 février 2022, plus de 230 sportifs et entraîneurs ont été tués, et près de 340 infrastructures sportives endommagées ou détruites, selon les chiffres du ministère des sports ukrainien.
Puis, Thomas Bach se livre à une première mise au point : dire qu’autoriser la réintégration des athlètes russes et biélorusses, sous conditions, dans les compétitions internationales revient à soutenir la guerre est « diffamatoire », écrit le patron du CIO
La perspective de voir des représentants de ces deux pays concourir, même sous bannière neutre, aux Jeux olympiques de Paris (du 26 juillet-11 août 2024) est inconcevable pour Kiev. Depuis des semaines, les dirigeants ukrainiens cherchent à obtenir des soutiens pour s’assurer de leur exclusion, allant jusqu’à évoquer la possibilité de boycotter le rendez-vous. Une telle mesure irait à l’encontre de la Charte olympique et ne ferait que nuire aux athlètes ukrainiens, répond Thomas Bach, qui les appelle à ne pas suivre cette voie.
L’ancien champion d’escrime, devenu avocat, revient ensuite sur la raison pour laquelle le CIO semble rétropédaler, un an après avoir recommandé aux fédérations internationales la mise au ban des athlètes russes et biélorusses : cette sanction va à l’encontre d’une résolution des Nations unies contre les discriminations dans les épreuves olympiques. Un texte adopté par consensus par tous les Etats membres, « y compris le gouvernement ukrainien », souligne-t-il.
« Pas encore de discussions concrètes »
Insistant enfin sur le fait que la participation éventuelle d’athlètes russes et biélorusses « n’a même pas encore fait l’objet de discussions concrètes », Thomas Bach dénonce la stratégie de communication des Ukrainiens. « [Votre lettre] adressée à vos collègues des comités olympiques nationaux, aux fédérations internationales, aux membres du CIO et aux futurs pays hôtes des JO, pour faire pression afin d’influencer publiquement leur prise de décision, a été perçue par la grande majorité d’entre eux comme étant, à tout le moins, extrêmement regrettable. »
Et d’ajouter : « Puisque vous avez choisi d’envoyer votre correspondance à tous les CNO, FI et au-delà, vous comprendrez que nous mettrons également en copie de cette lettre les parties prenantes du Mouvement olympique, afin qu’elles aient une vue d’ensemble. »
Le président du CIO conclut en lançant : « Dans l’esprit olympique de paix et de solidarité, qui était si évident dans tous nos appels de consultation, travaillons ensemble pour le bien des athlètes ukrainiens. »
A l’initiative du Royaume-Uni, une réunion des ministres des sports européens est prévue vendredi 10 février pour évoquer l’éventuelle réintégration des sportifs russes et biélorusses dans les compétitions internationales et, le cas échéant, la réponse à y apporter. Les comités olympiques lituanien, letton et polonais ont déjà fait part de leur opposition à tout retour, de même que l’Estonie et le Danemark. Les Etats-Unis, en revanche, ont apporté leur soutien à la proposition du CIO.
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Jouer
Du côté du pays hôte des prochains Jeux, on temporise. Le président Volodymyr Zelensky a demandé à son homologue français Emmanuel Macron, à plusieurs reprises, que les Russes soient exclus de la compétition. Un sujet que les deux hommes ont abordé, le 8 février, lors d’un dîner à l’Elysée.
« Nous en avons parlé, j’ai expliqué aussi comment les choses se tenaient », a déclaré Emmanuel Macron, jeudi, à son arrivée à Bruxelles pour un sommet européen. Le chef de l’Etat se prononcera personnellement « à l’été », « en fonction des circonstances, et en fonction de ce qui se tient sur le terrain ».