Affaire Héléna : un corps au bout des recherches – Bretagne
Depuis tôt ce matin du jeudi 9 février 2023, des fouilles sont menées à Rosnoën (29), à l’entrée de la presqu’île de Crozon. Cela fait onze jours que l’élève infirmière Héléna Cluyou n’a plus donné de signe de vie. Une quarantaine d’enquêteurs, issus des équipes de la police judiciaire de Brest et de Rennes, est mobilisée pour retrouver la jeune Brestoise qui devait fêter ses 21 ans le 1er février. Les hommes et femmes de la PJ disposent d’indices qui confortent leur idée que le principal suspect, Sylvain L., est passé par là. En ce jeudi d’hiver, les véhicules de police s’y déploient. Une mission : retrouver Héléna.
À l’aube, les recherches se lancent à Rosnoën
« Je pense qu’ils ont commencé au lever du jour. Ils font des recherches un peu partout sur Rosnoën. » En milieu de journée, Mickaël Kernéis, le maire de cette commune située près de Châteaulin, « espère que les policiers retrouveront le corps. Ici ou ailleurs. Pour la famille ». Mais rien n’est moins sûr pour l’édile : « Nous avons déjà eu une personne disparue il y a quelque temps. On n’avait retrouvé le corps que six ou sept mois plus tard, alors qu’il était à 300 m de son domicile… Il y a des endroits avec pas mal de dénivelés ici et pas forcément accessibles ».
La journée de recherches s’effectue dans un milieu effectivement compliqué. Les membres de la police judiciaire évoluent sur un terrain très accidenté, fait de vallons et de coteaux, de bois, d’herbes hautes…
Investigations à « La Pointe du couple »
Ils se focalisent d’abord sur Rosnoën, au lieu-dit Kergonnec. Les policiers y patrouillent à pied, utilisant aussi un drone. Les enquêteurs ne cachent pas que le secteur qu’ils ont à vérifier est extrêmement vaste. Ils confient tout autant qu’ils ne lâcheront rien pour aller au bout de cette enquête. Mais les fouilles restent vaines à Rosnoën. À la mi-journée, les véhicules des autorités filent alors sur un second point douteux, à quelques kilomètres de là, dans le quartier de Botaniec, à Pont-de-Buis.
Ils débutent leurs recherches aux abords d’une déchetterie où sont stockés essentiellement des déchets verts et des poteaux électriques. Un site fermé par des grillages et un grand portail. Mais là non plus, pas de trace d’Héléna.
Les autorités réorientent alors leurs investigations vers le lieu-dit « La Pointe du couple », aux abords de la Douffine et de l’Aulne. Un endroit visible depuis la voie express Quimper-Brest, depuis le pont de la RN165 qui enjambe les deux rivières.
À deux pas de « la ferme de l’horreur »
L’endroit fait soudain frémir. Les investigations se passent là, à quelques centaines de mètres à peine de la ferme du Stang, surnommée « la ferme de l’horreur ». En effet, c’est dans cette propriété de 26 hectares qu’Hubert Caouissin avait fait disparaître les corps des membres de la famille Troadec qu’il avait tués à Orvault (44), en février 2017, sur fond de rivalités familiales. Héléna aurait-elle fini sa route ici dans ces marais maudits ? Au pied du pont de la RN165 qui enjambe la Douffine, les enquêteurs scrutent les moindres détails, sous l’édifice routier et autour, aux abords de cette zone marécageuse. Mais rien n’en ressort malgré le drone, visible dans le ciel.
Le suspect est mort, un corps calciné retrouvé
Quand soudain, deux informations tombent simultanément : à 16 h 54, l’annonce du décès du principal suspect, Sylvain L., circule dans les médias. Il avait tenté de mettre fin à ses jours à deux reprises depuis la disparition d’Héléna et était hospitalisé depuis, entre la vie et la mort. Entre-temps, sur le terrain, les recherches se sont déployées vers le secteur d’Argol et de Landévénnec. Une autre piste qui mène les enquêteurs jusque dans la forêt domaniale. Un corps calciné gît dans les sous-bois, au sud du moulin à marée, à 800 mètres environ en aval du pont de Ténérez.
La macabre découverte aurait été faite par les policiers, non loin de la route communale qui mène à la chapelle Notre-Dame du Folgoat, dans une zone très boisée et sombre qui borde l’Aulne maritime. Sur place, des voitures garées en travers de la route et des policiers en faction barrent l’accès à la zone de recherche. Le soir approche. Un fourgon d’une entreprise de pompes funèbres arrive sur les lieux. Il y a des nuits qui s’annoncent plus sombres que d’autres.